On connait désormais le palmarès du « World’s Fifty Best Restaurants » et c’est une établissement espagnol qui remporte la première place ! Treize ans déjà que ce classement fait un peu la pluie et le beau temps dans le monde de la gastronomie, pourtant chaque année des voix s’élèvent contre cet évènement. Quel est l’histoire de ce top de la cuisine?
Des critères très discutés
El Celler de Can Roca devrait faire le plein de clients cette année ! Il s’agit du restaurant qui a obtenu la première place hier lors de la révélation du classement « World’s Fifty Best Restaurants ». Ce « baromètre annuel du goût gastronomique », comme aiment à le présenter ses organisateurs, a été inauguré en 2002 par le magazine britannique Restaurant. A l’époque, le journal cherchait une idée capable d’intéresser d’autres médias et, en couronnant pour la première fois un établissement américain, Restaurant a conquis la presse anglo-saxonne.
Seulement les critères de sélection déplaisent immédiatement et les critiques ne tardent pas à se faire entendre. En effet, dans ce classement, le monde est divisé en 27 régions représentées par des académies. Chacune possède un président chargé de mettre en place un collège électoral de 35 personnes. Il s’agit de chefs, mais aussi de restaurateurs, gastronomes réputés, commentateurs gastronomiques, auteurs… 30% de ce panel est renouvelé chaque année.
Le jury, composé de 972 personnes, désigne ensuite sept établissements mais la sélection ne suit aucune règle. Il n’existe ni notice ni liste permettant une sélection, chacun peut choisir selon ses préférences personnelles, ce qui donne un classement forcément très varié. Il est même possible de voir récompensé un restaurant tenu par un membre du collège électoral.
Les détracteurs montent au créneau
Face à ce manque de limites, les critiques dénoncent un classement qui serait au mains de l’industrie agroalimentaire. La France, dont on ne présente plus la cuisine, est ainsi régulièrement absente du top 10. Des bloggeurs n’ont pas hésité cette année à mettre en ligne une pétition afin de dénoncer un palmarès : « opaque, sexiste et complaisant, qui fait primer le nationalisme culinaire sur la qualité des mets et la notoriété des chefs sur la satisfaction des clients ». Le texte a reçu le soutien de Thierry Marx, Joël Robuchon ou encore Georges Blanc.
Le fait qu’aucune vérification ne soit demandée (preuve de la visite des restaurants par exemple) entretient chaque année la polémique.
Toutefois, tous s’accordent à reconnaître que le classement permet de sortir la cuisine de son carcan.